Camp de concentration de
Natzwiller-Struthof
Par Pierre-André Doriot
Le Struthof est un lieu-dit sur la commune de Natzwiller, dans le département du Bas-Rhin, en France.
Il désignait une station de villégiature au début du XXe siècle.
Il est désigne communément le camp de concentration de Natzwiller-Struthof, actif de 1941 à 1944. Le camp de
concentration de Natzwiller-Struthof[1] est le seul camp de concentration sur le territoire aujourd'hui français. Lors de sa création, l'Alsace et la Moselle avaient été annexées par le Troisième Reich. Il a été installé au Struthof, un lieu-dit dans les hauteurs de la commune de Natzwiller (Bas-Rhin), durant la Seconde Guerre mondiale. Son nom allemand était KL Natzweiler-Struthof, KL pour Konzentrationslager, soit en français « camp de concentration ».
Le Struthof est avec Mauthausen l’un des camps les plus meurtriers du système concentrationnaire nazi, avec un taux de mortalité de plus de 40 %.
ROTHAU, les déportés arrivaient de toute l'Europe épuisés par le voyage à la gare de Rothau. Ils étaient dirigés par les SS et leurs bergers Allemand en direction du camp de concentration Struthof. La marche était interdite dans le camp. Ceux qui n'avaient pas l'habitude de travailler physiquement étaient les premières victimes. Le Struthof était le seul camp à avoir une pente d'environ 20%, ce qui le rendait plus dur et plus meurtrier, que tous les autres.
ENTREE DU CAMP NAZI
52 000 détenus
31 nationalités
22 000 détenus
morts en déportation
ou pendant les marches de la mort
FACE A LA NECROPOLE
A l'emplacementde la nécropole, en surplomb du camp, se trouvaient différentes baraques. Celle située juste au-dessus de l'entrée du camp abritait l'administration où étaient enregistrés les déportés et conservés leurs dossiers administratifs. D'autres abritaient cordonnerie, divers ateliers et réserves de charbon. En 1943, une deuxième baraque fut construite pour l'habillement.
Au-dessus se trouvaient les baraques réservées aux SS: dortoirs, infirmerie, cantine et même une salle de cinéma. La garnison du KL-Natzweiler était composée de 80 SS Totenkopf (tête de mort): officiers, sous-officiers et homme de troupe. Les commandants, à l'exeption de Josef Kramer, et les officiers habitaient des villas dans la vallée.
LE BLOCK CUISINE
La faim
Le régime alimentaire des déportés est des plus rudes. Leur ordinaire se compose le mation d'un demi-litre de jus d'orge, à midi d'un litre de soupe liquide de rutabaga ou de chou, le soir d'un demi-litre de tisane, d'un morceau de pain, d'une petite portion de margarine ou de saucisson. Le dimanche à midi, les déportés ont droit à une soupe un peu plus épaisse, où trainent parfois quelques morceaux de viande.
Toute la nourriture est de qualité exécrable.
Les déportés doivent manger dans leur baraque, très rapidement. Ceux qui n'ont pas de gamelle doivent compter sur la solidarité de leurs camarades pour s'en faire prêter une.
Plus les déportés, sous -alimentés, la fin devient vite une obsession. Ils finissent par envier le contenu des gamelles des chiens SS. Ils se récitent aussi des recettes de cuisine dans l'espoir de tromper leur faim
Un camp de concentration nazi en Alsace
Peu après l'annexion de l'Alsace par le Reich nazi, Himmler, alors chef de la Gestapo, et Oswald Pohl, chef principal d’économie de la SS eurent l'idée d'installer des camps a proximité des carrières afin d'y faire travailler les déportés dans le cadre de la "Deutsche Erd- und Steinwerke (de) " (DEST), entreprise minière SS créée par Himmler.C'est au court d'un voyage d'observation qu'Albert Speer, architecte du Reich, nota la présence d'un Granit rose extrêmement rare dans la région.La décision fût alors prise d'y installer un camps visant a l'extraction du Granit par les déportés.C'est le géologue colonel SS Karl Blumberg qui trouva le meilleur site pour l'extraction du dit Granit et qui détermina donc l'emplacement du futur camp[2].
Sous le nom de « KL Natzweiler-Struthof », le camp est officiellement ouvert le 21 avril 1941. Environ 80 SS en assurent l'encadrement et l'administration[3]. Prévu initialement pour recevoir un total de 2 000 prisonniers, le camp-souche du KL en compte près de 7 000 à la fin du mois d'août 1944. Il comprend aussi environ 70 kommandos, camps annexes répartis en Alsace, en Moselle, et surtout en Allemagne.
Le Struthof fonctionne jusqu'à son évacuation par les SS au début du mois de septembre 1944, face à l'avance des troupes alliées. Le 23 novembre 1944, la 6e armée américaine pénètre dans un KL totalement vidé de ses occupants, répartis dans d'autres camps de concentration (notamment celui de Dachau) ou kommandos. Le KL Natzweiler-Struthof est le premier camp de concentration nazi découvert par les forces alliées à l'Ouest de l'Europe.
Après l'évacuation du camp-souche, l'administration SS s'installe dans le camp annexe de Guttenbach. Les kommandos du Struthof situés à l'est du Rhin continuent de fonctionner, toujours sous la dénomination de KL Natzweiler-Struthof, et à recevoir de nombreux déportés jusqu'à la capitulation allemande[4].
À l'instar des camps de Mauthausen et de Gusen, le KL Natzweiler-Struthof était classé « Camp de niveau III » (Lagerstufe III) [5], ce qui signifiait qu'il était destiné à être l'un des camps les plus durs du système concentrationnaire. Son objectif était l'anéantissement des « ennemis politiques incorrigibles du Reich »[6].
Le nombre total de déportés qui ont été internés dans le camp même ou l'un de ses kommandos est estimé à environ 52 000[7]. Ils sont en majorité originaires de Pologne, d'Union soviétique, puis de France, des Pays-Bas, d'Allemagne et de Norvège. Des milliers de Juifs, pour la plupart originaires de Hongrie et des ghettos de Pologne, sont internés à partir de 1944 dans des kommandos extérieurs au camp-souche.
Les conditions inhumaines de travail et de détention, la malnutrition, les sévices des kapos et des SS ainsi que les nombreuses exécutions par balle ou pendaison[8] ont provoqué la mort d'au moins 22 000 détenus. Entre la fin mars et la fin avril 1945, l'évacuation des derniers kommandos du KL-Natzweiler, lors des « marches de la mort », a coûté la vie à environ 5 000 déportés.
Dirigé d'octobre 1942 jusqu'en mai 1944 par le sinistre Joseph Kramer, le Struthof est avec Mauthausen l'un des camps les plus meurtriers du système concentrationnaire nazi, avec un taux de mortalité de plus de 40 %[9].
Les exécutions de ce type ne sont en effet la majeure partie du temps pas répertoriées dans les registres du camp, ce qui rend difficile, voire impossible, le comptage rigoureux et l'identification des victimes.
Peuvent néanmoins être mentionnés les faits suivants :
Dans la nuit du 28 au 29 juillet 1944, un avion anglais Lancaster s'écrase au pied du Mont Sainte-Odile. Le sergent F. H. Habgood (21 ans) a sauté en parachute de l'avion avant qu'il ne s'écrase et atterri au Langen Weg, à Ottrott. Il est alors pris en charge par la population pour être remis à la Résistance. Dénoncé à la Gestapo, il est ensuite interné au camp de Schirmeck, d'où il parvient à s'échapper. Le SS Peter Straub le capture à Niederhaslach et le fait exécuter par pendaison le 31 juillet 1944 au KL Natzweiler-Struthof. Son corps n'a jamais été retrouvé ;
Face à l'avancée des troupes alliées, les SS commencent à massacrer systématiquement certains détenus, particulièrement les résistants français, qui arrivent en grand nombre au camp.
Ainsi, dans la nuit du 31 août au 1er septembre 1944, 107 résistants du mouvement Alliance et 33 membres du Groupe mobile Alsace-Vosges sont expédiés au Struthof pour y être exécutés d'une balle dans la nuque, puis immédiatement incinérés dans le four crématoire. En trois jours, ce seraient 392 prisonniers (92 femmes et 300 hommes)[11] qui auraient été assassinés au Struthof, parmi lesquels le maire de la ville de la Rochelle le colonel Léonce Vieljeux[12].
3.5. Les expériences médicales== Les « expériences médicales » == Le camp est aussi connu pour des « expériences » pseudo-scientifiques qui y furent pratiquées sur des détenus[13]. À cet effet avait été aménagée une salle de dissection.
Une chambre à gaz était située en contrebas du Struthof ; elle a été construite par la Waffen-SS les 3 et 12 août 1943 dans une dépendance de l'ancien hôtel[14]. Elle est utilisée du 11 au 19 août 1943 pour l'exécution de détenus : 57 hommes et 30 femmes, internés à Auschwitz, sont envoyés au camp du Struthof pour y être assassinés avec des sels cyanhydriques (Zyklon B ?)[15]. Une personne ayant été préalablement exécutée par balle pour rébellion, ce sont finalement 86 personnes de « race juive » qui sont gazées personnellement par le commandant SS du camp, Joseph Kramer.
Lors de son procès Kramer ne parle pas des classiques petits cailloux gris bleuâtres qui servent à décrire le Zyklon B, mais d'une poudre blanche dans un flacon que lui a donné August Hirt, et il a fallu un écoulement d'eau pour obtenir un dégagement gazeux ; selon Kogon (op. cité p. 260), il s'agit probablement d'un autre composé cyanhydrique concocté par Hirt, cyanure de potassium ou de sodium avec un acide organique, cette composition dégageant de l'acide cyanhydrique en présence d'eau. Le professeur August Hirt, SS-Hauptsturmführer et proche de Heinrich Himmler, avait pour objectif à travers ces gazages de constituer une collection de « crânes de commissaires bolcheviks juifs[16] » pour l'Institut Anatomique de Strasbourg[17],[18], avant que « la race juive » ne soit anéantie[19] ; en effet, Himmler « faisait des études sur les crânes de « commissaires judéo-bolchéviques » destinés à permettre une définition typologique du « sous-homme » »[20]. Hirt mena aussi de nombreuses expérimentations sur l'utilisation du Gaz moutarde[21].
La chambre à gaz a été par la suite utilisée pour 15 expériences de toxicité du gaz phosgène par un virologiste, Otto Bickenbach, sur des détenus de droit commun et des Tziganes[22].
Un autre médecin SS, le professeur Eugen Haagen, a pratiqué au Struthof des injections de lèpre, peste et autres maladies sur des détenus de manière à observer les effets de ces contaminations ; plusieurs traitements étaient essayés pour une même maladie. L’expérience terminée, si les sujets n’étaient pas morts, ils étaient assassinés et incinérés.
Afin de mener à bien ses expériences sur le typhus, Von Haagen se fait aussi remettre environ 200 Tziganes arrivés directement d'Auschwitz au Struthof durant les mois de novembre et décembre 1943. Début 1944, les Tziganes sont mis à sa disposition. 150 d'entre eux sont immunisés contre le typhus exanthématique, les 50 restants étant réservés comme témoins. À l’ensemble des 200 cobayes est ensuite inoculé par scarification au bras le germe du typhus[23].
Les diverses séries d'expériences font des centaines de victimes parmi les déportés du camp. Elles entraînent en outre une épidémie de typhus durant l'année 1944.[réf. souhaitée]
La pricipale place d'appel,située en haut du camp, est également le lieu des pendaison. Tous les déportés sont contraints d'y assister. Celle de Noèl 1943 à particulièrement marqué les déportés qui étaient présent. Le condamné, un déporté allemand, arrive au camp au début du mois de décembre, avait reçu 100 coups de bâton assénés par quatre SS sur la place d'appel devant tous les déportés réunis un soir sous les projecteurs. Emmené à demi mort au block cellulaire, il n'en est sorti que pour être pendu le jour de Noèl 1943. Le commandant Kramer et ses adjoints, fumèrent le cigare, debout, à côté de la potence
LE RAVIN DE LA MORT
Les << tentatives d'évasion >>
Un barbelé, accroché à des petits piquets de 30 cm de haut, courait le long du chemin descendant vers la baraque crématoire. Sur l'un des piquets était fixée une pancarte avec l'insigne des SS Totenkopf: une tête de mort. Si un déporté franchissait ce barbelé, accidentellement ou poussé volontairement par un SS, il était aussitôt abattu par la sentinelle postée sur un mirodor. Le geste du déporté était considéré comme << une tentative d'évasion >>.
Des déportés ont également été abattus au motif de pseudo tentatives d'évasion au-delà de la double enceinte électrifiée. A l'été 1943, un kommando de NN français a été affecté à des travaux de terrassement hors du camp, à l'emplacement de l'actuelle nécropole. Ils devaient déverser des brouettes pleines de pierres au bas du talus situé au pied du mirador d'angle. S'ils franchissaient ce talus, entrainés par le poids des pierres, ils étaient aussitôt abattus. Les déportés ont donné à ce ravin, qu'ils ont comblé et qui n'existe donc plus aujourd'hui, le nom << ravin de la mort >>.
Le four
Les premiers déportés morts au camp sont incinérés à Strasbourg. En 1943, un premier four est construit à proximité de l'auberge du Struthof. La création du block crématoire du camp démarre à la fin du mois d'avril 1943 et le four y est installé fin octobre. La cheminée est haute de neuf mètre. Sous le sol du four se trouve la morgue, qui sert aussi de lieu d'exécution. Les cadavres sont ensuite montés par la civière placée à droite du four. La chaleur dégagée par leur incinération sert à chauffer l'eau des douches. Le transport des corps à la morgue, leur incinération et le déversement des cendres dans la fosse sont assurés par un kommando qui ne comprendra jamais plus de cinq déportés.
La civière
Les cadavres sont acheminés depuis la morgue du sous-sol, qui servait également de lieu d'exécution, jusqu'au four, pour l'incinération.
Dans le block cellulaire, aussi appelé Bunker, il existe deux types de cellules: les plus grandes avec une couchette en bois, où les déportés étaient parfois entassés à plus de 20; et les plus petites, véritables cages, où les déportés devaient rester accroupis, dans l'obscurité totale. C'est là qu'étaient généralement enfermés les déportés condamnés à la pendaison dans l'attente de leur exécution.
La durée des peines de cachot pouvait varier de 3 à 42 jours. Les déportés condamnés au Bunker ne recevait de la nourriture que tous les trois jours. Un simple retard à l'appel pouvait entraîner une bastonnade suivie d'une peine de prison.
Le chevalet de bastonnade
Lorsqu'un déporté était condamné à une peine de bastonnade, ce chevalet était installé sur la principale place d'appel (la plus haute). Le déporté devait compter les coups de matraque à haute voix et en allemand, sous peine d'une reprise à zéro. Le nombre de coups variait en fonction de la punition : 5 coups pour vol de pommes de terre, 10 pour vol de colis, 15 pour expédition clandestine de lettre ou 20 pour vol à la cantine SS . En théorie, la peine était exécutée après l'accord de l'inspection générale des camps à Oranienburg.
Salle d'expérimentation
Ici, les déportés étaient disséqués, afin de faire des expériences pseudo-scientifique
La salle des urnes
Une pièce du block sert à entreposer des urnes funéraires. En effet, au début de l'histoire du camp, les familles des déportés allemands pouvaient, sous certaines conditions et moyennant finance, récupérer les cendres de leurs proches.
La chambre à gaz
Historique du bâtiment
En 1942, le professeur de médecine August Hirt décide, avec l'accord de Himmler, le Reichsfuhrer SS, de constituer une collection de squelettes << judéo-bolcheviques >>.
Le gazage permet de conserver les corps intacts. Une chambre à gaz est alors aménagée dans cette dépendance de l'auberge du Struthorf, ancienne salle des fêtes, réquisitionnée par les nazis. Le gazage des juifs à lieu en trois fois en août 1943. Les travaux d'aménagement, puis les gazages sont supervisés par josef Kramer, le commandant du camp.
La chambre à gaz est aussi utilisée par le professeur Bickenbach pour ses expériences sur le gaz phosgène qui provoque des oedèmes pulmonaires aigus. La plupart des victimes sont des Tziganes. Des déportés enfermés dans la chambre à gaz durant 20 minutes. Morts et vivants sont ramenés au camp où Bickenbach étudie leurs lésions pulmonaires.
Cette chambre à gaz de 9 m2 utilisée pour des expériences n'a jamais servi pour l'extermination systématique de déportés.
Chemin des déportés
Les déportés passaient par ce chemin devant la villa de leur bourreau, Josef Kramer.
Depuis la gare de Rothau, ils parcourraient environ 6 km., pour arriver au camp de concentration du Struthof.
Josef KramerLa villa, siège de la Kommandantur
La Kommandantur était installée dans une villa privée, réquisitionnée par les nazis en 1940. Construite peu avant la Première Guerre mondiale, elle appartenait à une famille de banquiers strasbourgeois.
Josef Kramer, photographié aux arrêts à Belsen avant d'être transféré comme prisonnier de guerre à Celle, le 17 avril 1945.
Mise en page, concept et photos couleur Pierre-André Doriot
En remerciement au ONACVG, Centre européen du résistant déporté
Avril 2011
www.struthof.fr
http://www.filmsdocumentaires.com/films/141-le-struthof
infoville@bluewin.com
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